Avant de revenir à un fruit rouge, sujet que je préfère, je voudrais parler d’une racine – pas n’importe laquelle – que beaucoup connaissent mais dont ils ignorent les bienfaits allégués et que peu utilisent : le Raifort.

Très fort le Raifort !

Est-ce vrai et pourquoi ?
Un article lu dernièrement dans une revue de santé, m’a interpellé et ravivé des souvenirs d’enfance. Il vantait les bienfaits du Raifort qu’il présentait comme anticancer… pas moins !
Je me souviens en avoir mangé en sauce  blanche accompagnant une viande rôtie et des navets, dans le jardin de ma grand-mère où un facétieux cousin m’en avait avaler une cuillère (malgré la mise en garde des mes parents auparavant … et à juste titre); j’en ai eu le feu dans la bouche. Il y a quelques mois, j’ai de nouveau essayé et c’est beaucoup mieux passé.
Cette brassicacée (cette famille comporte des milliers d’espèces), d’un genre voisin du Wasabi, est un condiment dont on utilise la racine. Elle porte parfois le nom de « moutarde des Allemands » (Meerettich) , Horseradish chez les anglais (c’est sous ce nom que les 213 publications scientifiques ont été publiées), Rabano picante en Espagne, Rafano en Italie, cran de Bretagne (en France, nom commun…). En fait, la racine de cette plante est utilisée partout en Europe (jusqu’en Hongrie) mais aussi dans le sud de l’Europe : on peut donc dire qu’à ce titre, elle peut faire partie de l’alimentation méditerranéenne.
En effet, dans le nord de l’Italie on la consomme râpé dans un ragoût nommé « bollito misto » alors que dans le sud, dans la province de Matera, on la retrouve en omelette. Elle se retrouve même en cuisine Juive pour la fête de Pessah dans une sauce nommée chrain ( c’est du yiddish…) pour diverses préparations à base de poisson (Carpe). Mais la plus grande consommation « moderne » de la racine de cette plante ( longue de 30 à 50cms) dont le nom scientifique est « Armoricia rusticana » se fait dans les « fast-food » Américains et dans les préparation culinaires à la japonaise dans lesquelles, même au Japon, elle remplace avantageusement le Wasabi (rare… et cher). Elle est vendu comme tel ou coloré dans les supermarchés proposant des produits Asiatiques! (Source Wikipédia)

 

Son goût très fort, piquant et poivré ne reste pas en bouche comme pour d’autres condiments « épicés » et dû aux glucosinolates ( sinigrine et glucanasturtiine) qu’il contient .

 

 

 

 

Quels en sont ses bienfaits finalement ?

Pour le cancer :

Des études ont montré en 2005 que les extraits de plantes étudiées avaient provoqué une inhibitions des cellules cancéreuses ( poumon, côlon, etc..).
Extrait traduit : « C’est le premier rapport de l’enzyme COX-1 et des monogalactosyl diacylglycérides inhibant la croissance des cellules cancéreuses et provenant des rhizomes de wasabi et de raifort. » (Tumor Cell Proliferation and Cyclooxygenase Inhibitory Constituents in Horseradish (Armoracia rusticana) and Wasabi (Wasabia japonica)) ou en version complète (Tumor Cell Proliferation and Cyclooxygenase Inhibitory)

et plus particulièrement pour le Wasabi , en ce qui concerne le cancer du pancréas :

Effect of Wasabi Component 6-(Methylsulfinyl)hexyl Isothiocyanate and Derivatives on Human Pancreatic Cancer Cells

Les propriétés anticancer ont également été montrées par cette autre étude (Wasabi et Raifort) ;

The induction of apoptosis and autophagy by Wasabia japonica extract in colon cancer dont on peut retenir la conclusion traduite : « Nos études ont révélé que l’extrait de wasabi présente des propriétés anticancer du côlon par l’induction de l’apoptose et l’autophagie. Ces résultats appuient l’application de l’extrait de wasabi comme aliment fonctionnel chimiopréventif et comme traitement prospectif du cancer du côlon. »

Il donne aussi de bons résultats comme antiplaquettaire et anticancer :

Antiplatelet and anticancer isothiocyanates in Japanese domestic horseradish, wasabi

Il possède aussi de nombreux autre bienfaits :

Des extraits de cette racine et quelques autres (anis) sont efficaces en fumigations contre les larves infestant les plantes, le gagnant étant le Raifort… Un extrait de l’article cité en reférence : « Les huiles de raifort, d’anis et d’ail ont montré les activités insecticides les plus puissantes parmi les huiles essentielles végétales. »

Fumigant activity of plant essential oils and components from horseradish (Armoracia rusticana), anise (Pimpinella anisum) and garlic (Allium sativum) oils against Lycoriella ingenua (Diptera: Sciaridae)

Ce qui intéressera sans doute nos jardiniers…

En matière de lutte contre le Pseudomonas aeruginosa (la « peste » des hôpitaux…), l’extrait de Raifort est encore gagnant : « des études de microréseaux d’ADN ont montré que iberin bloque spécifiquement l’expression de gènes QS réglementés dans P. aeruginosa. »

Food as a source for quorum sensing inhibitors: iberin from horseradish revealed as a quorum sensing inhibitor of Pseudomonas aeruginosa.

Qu’en est-il pour les rhumes et autre infection des sinus et voies respiratoires ?

« Un composé appelé QR-435 à base d’extrait de thé vert et de Armoricinia rusticana en prophylaxie avec QR-435 était significativement plus élevée que l’oseltamivir dans ces expériences. L’efficacité Optimale in vivo du QR-435 nécessite une concentration de raifort d’au moins 50% de celle de la formulation initiale, et les avantages de cette préparation semble être dose-dépendante. QR-435 est efficace pour la prévention de la transmission du virus H3N2 et la prophylaxie. Ces résultats précliniques justifient une nouvelle évaluation de ses propriétés prophylactiques contre l’ infection par le virus de la grippe aviaire chez l’homme. »

  1. In vivo prophylactic activity of QR-435 against H3N2 influenza virus infection
  2. Efficacy and safety of a combination herbal medicinal product containing Tropaeoli majoris herba and Armoraciae rusticanae radix for the prophylactic treatment of patients with respiratory tract diseases: a randomised, prospective, double-blind, placebo-controlled phase III trial.

Il existe même en pharmacopée Allemande un spray nasal ……

Même les problèmes urinaires ne sont pas oubliés :

« Cet essai randomisé, à double insu et contrôlé contre placebo démontre l’efficacité et la sécurité du médicament à base de plantes Angocin Anti-Infekt N* dans le traitement prophylactique des infections urinaires chroniques récurrentes. »

  1. A randomised, double-blind, placebo-controlled trial of a herbal medicinal product containing Tropaeoli majoris herba (Nasturtium) and Armoraciae rusticanae radix (Horseradish) for the prophylactic treatment of patients with chronically recurrent lower urinary tract infections.
  2. Broad spectrum antibacterial activity of a mixture of isothiocyanates from nasturtium (Tropaeoli majoris herba) and horseradish (Armoraciae rusticanae radix)

Ni ses propriétés anti-inflammatoires :

Une étude de 2015 démontre aussi l’activité anti-inflammatoire des extraits de racines de raifort (Armoracia rusticana) dans des macrophages stimulés par le LPS (lipopolysaccharide).

Anti-inflammatory activity of horseradish (Armoracia rusticana) root extracts in LPS-stimulated macrophages dont voici un extrait traduit : « Elle démontre que Armoracia rusticana réduit l’oxyde nitrique, la libération de facteur de nécrose tumorale α et d’interleukine-6 ​​et l’oxyde nitrique synthase et l’expression de cyclooxygénase-2 dans les macrophages, agissant sur l’activation du facteur de transcription nucléaire NF-κB p65. De plus, Armoracia rusticana réduit la libération des espèces réactives de l’oxygène et augmente l’expression de l’hème-oxygénase-1, contribuant ainsi à l’effet cellulaire cytoprotecteur durant l’inflammation. inflammation. »

Bon, j’arrête là, la liste est longue mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une plante qui, comme les mammifères, « absorbent » dans le sol les terres rares et métaux lourds à tel point qu’on peut s’en servir pour dépolluer les eaux contenant des médicaments (Metabolism of acetaminophen (paracetamol) in plants–two independent pathways result in the formation of a glutathione and a glucose conjugate). À ce titre, ses racines sont très fragiles et dégradées par les composants chimiques, pesticides et autres qui diminuent d’autant son efficacité. Donc, privilégier le Raifort sauvage produit à partir de culture Bio !!!A lire pour s’en faire une idée et à noter également qu’à ce jours, une seule étude datant de 2004 prétendrait prouver la cancérogénécité de ce desulfosinigrin (DSS)…

Pour être honnête, une seule étude prétend que la poudre de Raifort ou de Wasabi contiendrait un élément cancérigène : Colon Cancer Proliferating Desulfosinigrin in Wasabi (Wasabia japonica). A lire pour s’en faire une idée et à noter également qu’à ce jours, une seule étude datant de 2004 prétendrait prouver la cancérogénécité de ce desulfosinigrin (DSS)… On peut se référer à cet article (Scientific study set up to discredit a Cancer Killing Product?) de 2014, extrait d’un site pro Wasabi et qui remet un peu les pendules à l’heure : « Il s’agit d’une étude publiée à laquelle on se réfère continuellement pour montrer que Wasabia japonica n’est pas bon pour guérir le cancer. Personnellement, je pense que c’est une étude qui a été délibérément mise sur pied pour produire ce résultat parce que les auteurs avaient un programme caché qu’ils n’ont pas déclaré. »…
Dans la mesure ou il n’existait pas de poudre pure des ces brassicacées à l’époque de l’étude, donc les auteurs, qui publiaient habituellement des articles sur les vertus identiques des brocolis (autre brassicacée), ne pouvaient disposer que d’un mélange de poudre contenant également de la moutarde et d’autres éléments .

Qu’en conclure ?

Le Raifort mérite bien qu’on s’y intéresse pour agrémenter nos plats d’autant que pour les fragiles de l’estomac, ses effets, dus à ses composants flavonoïdes et autres, n’abîment pas, au contraire, l’estomac et annulent les effets de l’aspirine sur celui-ci.

Tous ces effets bénéfiques pour une vulgaire racine….

Il y en a d’autres bien sûr, plus exotiques (le gingembre dont on parle souvent…) mais celle-ci est de chez nous et méconnues du grand public.

Alors usons sans en abuser de cette panacée…

 

Recette d’apéro :

Écraser la chair d’un avocat et lui ajouter une cuillerée de raifort râpé ainsi que du paprika.

En farcir des branches de céleri ou y tremper des morceaux de carotte et de concombre.

 

 

 

Citation  : « Le Raifort vous rend fort sans effort ! » (from myself…)

N.B : Un site plus complet avec de nombreux liens et notes : Le Raifort – Indications, Propriétés alimentaires …

 

Article délicieusement concocté par Inoxydable

 

 

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