Lucienne a perdu son mari sexagénaire dans les suites d’une vaccination parfaitement inutile, une idée de son médecin, contre l’hépatite B. Sa vie est tournée depuis vingt ans vers cette douleur indicible d’avoir été privée de lui, mais aussi parce qu’on l’a déconsidérée, moquée voire déniée dans la légitimité de sa douleur.
Le témoignage qui suit nous montre le vertigineux abysse dans lequel tombe actuellement la médecine dite moderne. Lucienne est l’auteure remarquée de deux ouvrages importants, « le Dossier noir du vaccin contre l’hépatite B » chez Marco Pietteur Ed. et « Hippocrate si tu savais » Resurgence Ed.
Lucienne Foucras occupe toujours un poste éminent au sein de l’Association REVAHB.

Bienvenue Lucienne, qui de toi ou de nous aidera le plus l’autre…

 

   J’ai lu, sur le site de l’AIMSIB qu’y sont bienvenues les bonnes volontés issues de la société civile, les patients déçus, blessés ou en colère. Je pense donc pouvoir y trouver ma place ! Et comme il m’est demandé de rédiger un article accompagnant mon adhésion, je vais livrer des faits, rien que des faits, ceux pour lesquels j’ai été bâillonnée pendant 20 ans. Qu’on m’excuse si je suis un peu longue et qu’on ne me reproche pas de m’étendre sur une histoire personnelle. Si je la livre, c’est qu’elle est la même, à quelques nuances près, que celle qu’ont connue des milliers de gens en France. Il y a, parmi les membres de l’AIMSIB, plusieurs personnes qui ont été ou témoins ou acteurs de mon histoire, qui en savent beaucoup mais peut-être pas tout et ne seront peut-être pas ennuyées de me lire, et il y a ceux qui ne me connaissent pas et qui ont le droit de savoir qui je suis.

On n’entre pas dans une association sans dire qui on est.

Tout remonte à 1996 et à la vaccination massive contre l’hépatite B. Au sortir d’une consultation banale pour renouvellement d’ordonnance, le jeune médecin qui nous soigne et qui vient de succéder à son père, me retient et me dit :

— Madame, pensez à vous faire vacciner contre l’hépatite B. Vous arrivez à la retraite. Vous allez voyager. Ce vaccin est anodin, mais efficace. Faites-le.

J’en parle à Gérard, mon mari. Comme nous avons toujours suivi les conseils de nos médecins, nous revenons dès le lendemain, munis chacun de la dose de GenHevac B nécessaire à la première injection. Tout se passe bien. A la seconde, une chute inattendue de Gérard me surprend car c’est un homme solide et bien planté. Il explique sa chute par une possible maladresse : il se serait pris les pieds. A la troisième, en octobre 1996, dès les jours qui suivent l’injection, ce sont de bizarres sensations de boules de coton sous les orteils. Nous ne comprenons pas. C’est en mars 97 que soudain, au cours d’une randonnée dans le Vercors, il m’appelle au secours : « je ne peux plus avancer. J’ai des bottes de plomb ». Alors commence la série épuisante des multiples consultations de neurologues et d’hospitalisations dans les CHU : Grenoble, Montpellier et pour finir : la Salpêtrière. Partout les mêmes hésitations car la maladie est complexe et lourde en atypies mais pour finir le même diagnostic : syndrome de SLA ou SLA sporadique, SGS, atteinte périphérique grave. En deux ans et demi, Gérard se retrouve totalement paralysé, parfaitement conscient d’avoir contracté une maladie mortelle, évolutive et sans espoir de traitement. Il meurt le 31 mai 1999, la veille de ses 70 ans.

Je n’aurai alors – mes deux enfants aussi – qu’une volonté : comprendre. Mais partout, à commencer par le centre SLA de la Salpêtrière, je ne rencontre que la fuite. On m’évite et mes courriers restent sans réponse. A Montpellier, le Pr Camu est plus accessible. Il fait partie du conseil scientifique de l’ARS[1] (aujourd’hui l’ARSLA) et souhaite, avec d’autres malades[2],que l’ARS qui connaît les dossiers fasse un recensement – évidemment anonyme – des vaccinés versus les non-vaccinés pour y voir clair. Refus : la CNIL, nous répond-on, s’y opposait. J’interroge la CNIL, très surprise, qui me répond n’avoir jamais été consultée et m’envoie un dossier qui restera sans suite.

 

Que s’est-il donc passé ? Au cours de l’année 2000, nous avons vu arriver à la tête de l’ARS une pharmacienne lyonnaise qui a fait toute sa carrière dans l’industrie pharmaceutique à Lyon. On éjecte le président en place et elle s’installe à Paris, au centre SLA, où son rôle aura été de verrouiller toute information pendant 10 ans. Il convient aussi d’ajouter que l’ARS reçoit des financements de Sanofi et que le Pr Meininger qui en est le principal conseiller scientifique a un important conflit d’intérêt avec la firme qui lui fabrique son Rilutek®. Mes relations ont toujours été difficiles avec lui. Il se gardait de répondre à mes questions comme à celles que les victimes lui posaient ou alors, quand il acceptait de le faire, c’était avec ambiguïté. Ainsi, il admettait que la vaccination hépatite B pouvait avoir « révélé » une maladie latente qui, un jour ou l’autre , se déclarerait. Lisait-il dans le marc du café ? Quand je pense à la longévité des parents de Gérard, notamment à celle de son père mort à plus de 97 ans, sans maladie, pendant la canicule de 2003, je me dis qu’il avait encore de beaux jours devant lui et qu’on les lui a volés. Mais avant de mourir, il a porté plainte. Je la continue, avec mes enfants. Comme nous voulions une instruction pour que vérité soit faite et qu’elle serve à tout le monde, notre avocate a porté la plainte au pénal. Elle a été reçue par Mme Bertella-Geffroy. Plus de 16 ans d’instruction pour aboutir au non-lieu de 2016, pour nous, mais aussi globalement pour tous ceux, quelle que soit leur maladie, qui ont suivi la même voie. J’ai  rencontré à nouveau le médecin vaccinateur cette année même, en août 2017. Il m’a dit que depuis l’accident de mon mari, il refuse de vacciner contre l’hépatite B. Je l’informe que la fiche de pharmacovigilance qu’il nous a fait établir en 1997 et qu’il a naïvement adressée à la pharmacovigilance de Pasteur-Mérieux a disparu. Il me répond qu’en effet il n’a pas eu de retour. Sans doute aurait-il dû demander des explications. Il ne l’a pas fait. Nous n’avons jamais souhaité le poursuivre personnellement parce qu’alors il aurait fallu poursuivre tous les médecins qui ont vacciné. Pour que 30 millions de Français l’aient été, ça faisait beaucoup de médecins, sans doute de bonne foi mais trompés. Aujourd’hui, les médecins ont les moyens de savoir. Les poursuivre, quand il y a accident et qu’il s’avère qu’ils n’ont pas bien informé des risques, devient légitime.

 

Entre temps, j’écris. Trouver un éditeur est un exploit, surtout quand on n’est pas connu, mais un beau jour de 2004, coup de téléphone :

Madame, votre témoignage intéresse Jean-Paul Bertrand. Il vous éditera aux éditions du Rocher, mais il serait bon que vous en fassiez faire une relecture juridique pour lui éviter des ennuis[3]. Renseignement pris, je réponds : « c’est trop cher pour moi ». Jean-Paul Bertrand devait quand même y tenir car il se charge de cette relecture à ses frais. Le livre paraît donc fin octobre 2004 et je suis invitée par Yves Calvi sur le plateau de C dans l’air aux côtés du Dr Marc Girard, le premier expert nommé par Mme Bertella-Geffroy[4]. Le laboratoire Pasteur-Mérieux  l’a forcément appris. En décembre, à l’occasion d’un passage à Lyon, je m’arrête devant les vitrines de la librairie Flammarion (elle n’existe plus aujourd’hui). Je n’y vois pas mon livre. Je m’en étonne car on le voit un peu partout, notamment dans les Relais des grandes gares. Explication m’en est donnée : « Montez au dernier étage. Il est au rayon médecine ». Effectivement il y est bien, mais dans un recoin au raz du sol. Il faut se mettre à quatre pattes pour le voir. Je me fais connaître. On me rassure :

Madame, votre livre se vend. Pasteur-Mérieux vient d’en passer une commande groupée…

Ah ! Comment vont-ils réagir ? J’ai eu la réponse au printemps 2005 : les éditions du Rocher ont été rachetées par le laboratoire Pierre Fabre. Mon livre ne sera plus commercialisé. Il a eu 6 mois de survie. 3800 exemplaires sont partis. 1200 sont promis au pilon. Sur les conseils du libraire de l’éditeur, je les rachète, 1 euro l’exemplaire. Mais que faire de 1200 livres qui m’encombrent ? Je les solde 5 euros et tout part. Le petit bénéfice recueilli a été partagé entre le Revahb et une victime atteinte de SEP qui n’avait plus les moyens de poursuivre sa procédure, qui a pu ainsi le faire mais qui a quand même perdu ! Alors une question : pourquoi Pierre Fabre et pas Pasteur-Mérieux ? Comme les laboratoires jouent rarement la transparence, il était bien plus habile de passer par quelqu’un d’autre pour opérer la manœuvre. Pierre Fabre appréciait Philippe Douste-Blazy[5] dont il avait soutenu la carrière, il ne pouvait pas refuser ce coup de main à un ami que je mettais en cause. Mieux : en rachetant les éditions du Rocher, il réglait aussi son compte à Sylvie Simon qui venait de signer son contrat d’édition pour « La nouvelle dictature médico-pharmaceutique » dont il a imposé immédiatement la rupture. On commençait à en avoir assez de cet éditeur qui avait publié en 2002 « Le Dossier noir des hormones de croissance » et qui deux ans plus tard récidivait avec « Le Dossier noir du vaccin hépatite B ».

 

Les années passent. En janvier 2006, je suis appelée[6] à Casablanca par une famille marocaine dont le fils, âgé de 2 ans, a été vacciné par Engérix B en 2000. L’enfant a développé un Guillain-Barré massif. Il est infirme. Les parents veulent que je témoigne devant les tribunaux. A mon retour, j’envoie à l’AFSSAPS un compte-rendu détaillé de ce que j’ai vu. Pas de réaction. Pas de réponse. Il ne faut surtout pas révéler le moindre accident sérieux arrivé à un enfant car l’OMS vient d’étendre la vaccination hépatite B à tous les enfants du monde…Je raconte l’histoire du petit Achraf dans mon « Hippocrate, si tu savais… ». Mais qui l’a lu ? J’y raconte aussi les manœuvres incroyables qu’ont organisées les ayatollahs de la vaccination pour faire pression sur les juges marocains. Ainsi de ce « conclave » réuni à Casablanca quelques jours avant une audience qui aurait pu être décisive. On a vu y participer Claire-Anne Siegrist, le Pr Emmanuel Grimpel, l’Ordre des médecins, une multitude de pédiatres venus d’un peu partout pour démontrer l’utilité et l’innocuité des vaccinations infantiles. L’affaire Achraf n’y a pas été citée nommément mais elle était visiblement dans le collimateur. Manque de chance : Glaxo n’ayant pas envoyé tous les documents, l’audience a été remise. Quand elle reprendra 6 mois plus tard, l’effet conclave aura disparu. Les juges ont oublié et le labo a été condamné ! Précisons que la presse marocaine a beaucoup informé et que la famille a été soutenue par l’Association marocaine des droits de l’homme, ce qui ne risquait pas de se produire pour nous en France où le président honoraire de la Ligue des droits de l’homme, Me Henri Leclerc, s’était mis au service de Sanofi. Les parents des victimes de l’hormone de croissance en sont restés pantois quand il l’ont entendu plaider contre leurs enfants. Me Henri Leclerc en parle-t-il dans le livre qu’il vient de faire paraître en septembre 2017 chez Fayard, « la Parole et l’action » ?

 

En janvier 2007, je me retrouve, dans le cabinet de Mme Bertella-Geffroy, en face du Pr Meininger, spécialiste internationalement reconnu de la SLA et membre éminent du conseil scientifique de l’ARS. Il n’a pas soigné directement mon mari mais, à la tête du centre SLA de la Salpêtrière, il connaît parfaitement les dossiers. Il nous apprend, avec le plus grand naturel, qu’il n’a pas « jugé bon de notifier les accidents à la pharmacovigilance ». J’avais déjà compris pourquoi si peu de cas étaient connus. J’en ai la confirmation. Ce jour-là, nous étions cinq à l’entendre : une autre dame dont le mari était aussi mort de SLA, mon avocate, mes deux enfants et moi. Ce qui nous a surpris et intrigués, c’est la présence à cette audition d’une femme, médecin, envoyée par l’AFSSAPS, qui nous a été présentée mais dont aucun de nous ne se rappelle le nom. Pourquoi était-elle là ? Quel était son rôle exact ? Ce sont les auditions d’un représentant de l’AFSSAPS et du Pr Daniel Floret, commandées 9 ans plus tard par les deux juges qui ont succédé à Mme Bertella-Geffroy, qui donneront des arguments au procureur pour justifier le non-lieu. Au début de son audition, le Pr Meininger paraissait fébrile. Il avait en main un téléphone portable et nous a d’emblée annoncé qu’il pourrait bien être appelé et devrait alors nous quitter. Puis il a pris de l’assurance, a savamment expliqué ce qu’est une SLA et assuré que toute suspicion concernant le vaccin était à écarter. Ce n’était qu’une coïncidence. Il est parti  au bout d’une heure, rasséréné, et m’a lancé au passage un ironique : « Bonne chance, Madame ! »

 

Nous ne nous attendions pas de sa part à des marques de sympathie. J’avais même un très mauvais souvenir du jour où, dans son service à la Salpêtrière, il est entré dans la chambre de mon mari à quelques semaines de sa mort, avec tout son staff rassemblé au pied du lit. Pensant apporter une information susceptible de les intéresser, j’avais évoqué le groupe HLA de Gérard : A1 B8  DR3, connu pour être caractéristique d’un terrain propice aux risques d’auto-immunité. Michel Georget le dit, mais aussi le Pr Colombani, professeur d’immunologie à la faculté de médecine de l’hôpital Saint Louis à Paris, pour qui cet haplotype est souvent porteur d’un gêne déficitaire à l’origine potentielle d’une évolution vers le syndrome d’immunodéficience acquise (sida), le DR3 seul favorisant de nombreuses pathologies auto-immunes, notamment le SGS. Or le SGS était justement  associé à la SLA de Gérard. J’étais donc désireuse de savoir ce qu’en pensait le Pr Meininger. Je ne l’ai pas su car, à peine avais-je eu le temps de m’exprimer qu’un éclat de rire général a accueilli mes propos.  «  C’est quoi, ça ? Un numéro minéralogique ? ». Je suis restée scotchée à ma chaise. Se moquaient-ils tous de moi ? Etait-il possible qu’ils ne sachent pas ce qu’est un groupe HLA ? A la réflexion, je crois bien qu’en effet ils ne savaient pas. Neurologues, ils ne connaissaient probablement rien qui ne soit pas de leur domaine. La médecine moderne a découpé l’homme en tranches. Chacun sa spécialité. Le système immunitaire, c’est quoi pour un neurologue ?

 

Qui nous a aidés alors ? La revue l’Impatient, devenue ensuite Alternative Santé. Le rédacteur en chef en était alors Pierre Dhombre, de son vrai nom Alain Covilette, journaliste et écrivain.

C’est lui qui a sonné l’alarme et a présidé à la naissance du REVAHB en 1997[7].Nous avons reçu aussi l’aide de quelques députés, principalement des Verts qui avaient déposé en février 2001, au nom de leur groupe, une demande de commission parlementaire d’enquête concernant les circonstances de la vaccination de masse contre l’hépatite B et l’indemnisation des victimes. En vain. En mai elle était refusée, le rapporteur, le Dr Nauche (PS) plaidant l’incompatibilité d’une enquête parlementaire avec une instruction judiciaire en cours. C’est pourtant ce qui se passera quelques années plus tard avec l’affaire du Médiator. Mais nous commencions à comprendre : on nous mettrait tous les bâtons dans les roues, ce qu’a encore prouvé, trois ans plus tard, en 2004, la cour de justice de la république auprès de qui notre avocate avait déposé plainte contre trois ministres : Philippe Douste-Blazy,  Kouchner[8] et Mattei, au nom de 5 familles dont nous étions, chacune ayant perdu l’un des siens :  deux enfants morts d’aplasie médullaire, une jeune femme morte d’une démyélinisation foudroyante et deux SLA. Plainte irrecevable. Pourquoi ?  Nous ne l’avons jamais su et il n’y a aucune possibilité d’appel. Parmi les médecins qui étaient au moins désireux de nous aider, il y avait les homéopathes. Plusieurs centaines d’entre eux avaient tenté d’obtenir un moratoire tant qu’on ne saurait pas si ce vaccin – nouveau et expérimental – avait toutes les garanties de sécurité. Ils intervinrent comme ils purent. En vain aussi. C’était encore une époque où l’homéopathie était méprisée comme étant non scientifique. Les allopathes le leur faisaient bien sentir. Pouvait-on compter sur eux ? Sur quelques-uns oui. Mais la grande masse des allopathes s’est réfugiée dans le déni et beaucoup n’en sont pas encore sortis. Il faudra attendre qu’ils prennent leur retraite et le renouvellement des générations pour que de nouveaux médecins s’interrogent. Nous serons alors dans la deuxième décennie du XXIème siècle. Un bon nombre de nos victimes n’auront pas connu cette évolution. Ils ont disparu avant. Souvent dans le désespoir de l’abandon.

 

Nous avons longtemps, au Revahb, espéré obtenir le soutien de la revue Prescrire. Réputée pour son indépendance vis-à-vis des lobbies pharmaceutique mais aussi du ministère de la santé, des agences du médicament et de l’assurance maladie, elle étudie le rapport bénéfice/risque des médicaments et dénonce les traitements dangereux. Le problème est que justement, s’en tenant aux chiffres officiels du bénéfice/risque qui lui sont donnés par les agences et sans moyens de contrôler exactement le niveau réel de la sous-notification, particulièrement importante quand il s’agit de vaccins, elle ne les met pratiquement jamais en cause. Fondée en 1981 par un groupe de médecins et de pharmaciens,  elle s’est même empressée assez  imprudemment de décerner la pilule d’or au premier vaccin contre l’hépatite B, l’Hevac B, plasmatique, dès sa création. C’était une époque où la foi dans la sécurité des vaccins était totale. Elle va rester si forte à Prescrire que, dans les bulletins mensuels qui sont envoyés au Revahb, on ne trouve pratiquement jamais d’études sur les vaccins. Quand l’OMS décidera la vaccination universelle de tous les bébés du monde, alors qu’il sait que les bébés – sauf cas de mère contaminée – n’ont aucune chance de contracter l’hépatite B, Prescrire ne protestera pas. Sans doute sont-ils convaincus, comme beaucoup, qu’il est bon de les vacciner puisque les autorités sanitaires assurent que cette protection est durable[9], ce qui sera largement et scientifiquement contesté par la suite. Nous savons aussi les difficultés que rencontre pour se faire entendre notre conseiller scientifique, le Dr Dominique Le Houézec. Cependant Prescrire nous invite régulièrement à ses remises annuelles de prix. Ce sont des rendez-vous très courus. Beaucoup de monde. Assez somptueusement reçu. Mais c’est à l’occasion de celui de 2013 que nous avons reçu notre coup de massue : nous étions cinq, toutes des femmes, a priori très bien disposées. Quand nous avons entendu mettre à l’honneur  6 firmes pharmaceutiques dont GSK, félicité pour sa bonne volonté à fournir spontanément toutes les informations utiles, nous sommes restées pétrifiées. Il y a eu ensuite l’épisode myofasciite à macrophages. Nous avons été contactés, au Revahb et à E3M, comme relecteurs du projet  rédactionnel Myofasciite à macrophages et vaccination. On nous a très courtoisement remerciés d’y avoir participé, mais on n’a rien retenu de nos observations. Prescrire s’est aligné sur les conclusions du HCSP et a conclu : « l’injection intramusculaire d’un vaccin contenant de l’aluminium expose à la survenue d’une lésion focale, dont l’histologie fait parler de myofasciite à macrophages. Cependant, début 2015, au vu des données publiées, il n’est pas établi d’association entre la présence de cette lésion musculaire histologique et un syndrome clinique spécifique. En pratique, depuis 2015,comme en 2005, cette lésion n’est pas un élément décisif dans la balance bénéfices/risques des vaccins ». Toujours cette balance[10]

Exit Mondor. Et nous ? Nous admettons parfaitement que les accidents ne touchent qu’une minorité de personnes vaccinées, mais qu’est-ce qu’on en fait ? Prescrire, au lieu de condamner pour preuves insuffisantes les études des Pr Authier et Ghérardi, ferait mieux d’engager des recherches –  ou d’en encourager – pour savoir quelles populations réagissent mal aux vaccins afin de les protéger. Le principe même du bénéfice/risque collectif pose d’ailleurs un problème éthique : la fin justifie-t-elle les moyens ? Il faut choisir entre : on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs, et le serment d’Hippocrate : primum non nocere.

 

Et il y a eu les Médicamenteurs, un excellent film. Mais le mot « vaccin » n’y est jamais prononcé. Est-ce donc que les firmes que dénonce Prescrire  et qui fabriquent à la fois vaccins et médicaments sont plus vertueuses pour les vaccins que pour les médicaments ? Est-ce que les victimes de vaccins sont moins dignes d’intérêt que les victimes de médicaments ? L’aide efficace que Prescrire a apportée à Irène Frachon fait rêver les victimes de vaccins. Pourquoi les unes sont-elles secourues et les autres niées et abandonnées ? A Prescrire, on est entre soi. Ceux qui ne sont pas du sérail n’y sont pas admis. Quand Formindep a été créé en mars 2004, Philippe Foucras[11] l’a ouvert à la société civile. Dès que je l’ai appris, j’ai adhéré. Mais je n’y ai pas fait long feu. Il a suffi que je prononce le mot « vaccin » et que je dise en réunion qu’il y avait des victimes du vaccin hépatite B pour qu’on m’évince. Je ne peux pas oublier ce hurlement : « antivaccinaliste ! » qui soudain m’a arrêtée net, ni l’injonction de retourner à ma place. Puis on a décidé, sans qu’on me demande de m’expliquer, de m’exclure sans autre forme de procès.. C’était en 2006. J’ai bien compris la logique : accuser un vaccin d’avoir provoqué des accidents, c’était porter atteinte à la foi dans tous les vaccins. Il fallait donc se taire, cacher les faits. Mais j’ai si mal vécu cette énorme désillusion qu’en à peine quelques semaines j’ai sorti mon dernier livre, publié seulement en 2009 : « Hippocrate , si tu savais… Lettre à nos médecins » que le Pr Jacquard a bien voulu préfacer car cette fois j’abordais le deuxième tabou de notre société : le refus de nous laisser libres de choisir de vivre ou de mourir quand la souffrance, morale ou physique, fait de la mort une délivrance. J’ai toujours eu le soutien de Martin Winckler et, d’ailleurs, c’est le titre de son ami Christian Lehmann : « Patients, si vous saviez… » qui m’a donné l’idée du mien. Un hommage en quelque sorte.

 

Alors, déçue, blessée et en colère, oui je l’ai été, mais le temps et … le rire sont les meilleures thérapeutiques. Le rire ? Oui, car au cours de ces 20 années, j’ai rencontré des situations si rocambolesques,  des gens qui se prenaient si au sérieux dans leurs convictions d’être les meilleurs et de savoir tout, que je me suis parfois bien amusée ! Me voici donc maintenant accueillie à l’AIMSIB. J’y ai déjà des amis. Je ne crains plus d’être exclue. Quel bonheur !

 

Lucienne Foucras

 

 

Secrétaire générale du Revahb, administratrice de SERA, adhérente de l’ADMD et de diverses autres associations dont Amnesty International, Survie etc… et récemment la LNPLV

Retraitée de l’Education nationale, grand-mère

Auteure du Dossier noir du vaccin hépatite B, éd. du Rocher, 2004, épuisé

Réédition actualisée en 2009 chez Marco Pietteur, sous le titre : Le Nouveau Dossier Noir du vaccin hépatite B, largement disponible, 16,80 €

Et auteure d’une Lettre à nos médecins intitulée Hippocrate, si tu savais … ou d’un tabou à l’autre, même éditeur, 2009, encore plus largement disponible, 17,50 €

 

 

[1] Association pour la recherche sur la sclérose amyotrophique

[2] Ils sont de plus en plus nombreux à venir consulter dans les centres SLA qui passeront de deux au début des années 90 à 17 en 2000.

[3] Il en avait eu avec l’affaire Beljanski ce qui lui avait valu pas mal de frais d’avocat.

[4] C’était une grosse erreur qu’il paiera ensuite durement. Que je sois accompagnée de mon avocate n’aurait pas posé de problème, mais s’afficher aux côtés d’une victime pour laquelle il avait rendu une expertise, favorable de surcroît, c’était la faute à ne pas commettre. On lui reprochera sa partialité. Il perdra ses fonctions d’expert judiciaire dans tous les procès civils et nous y perdrons tous, au pénal aussi. Qu’il ait été affecté des mesures prises contre lui se comprend et explique sans doute l’acharnement de ses attaques contre à peu près tout le monde dans le blog qu’il entretient régulièrement. Il m’arrive de le lire car ce qu’il écrit est toujours très intéressant mais communiquer avec lui est devenu totalement impossible.

[5] Et aussi de Cahuzac

[6] Nous avons été trois à l’être et nous nous sommes succédé tout au long du procès.

[7] Nous avons eu le chagrin d’apprendre son décès le 16 juin 2007

[8] C’est à lui que nous devions entre autres de voir débarquer à domicile des agents des Renseignements Généraux chargés d’enquêter sur nos liens présumés avec des sectes ! Enfin il savait beaucoup de choses puisque c’est à lui qu’est revenue la décision de stopper la vaccination dans les collèges. Pour décharger évidemment l’Etat de toute responsabilité. Mais elle pouvait continuer dans les cabinets médicaux.

[9] A l’époque pourtant, on faisait des rappels tous les cinq ans.

[10]  Revue Prescrire mars 2015, n°377

[11] Sans rapport de famille avec moi malgré l’homonymie.

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