Le Dr Jean-Marc Rehby est médecin généraliste depuis de longues années. Il est membre co-fondateur de l’AIMSIB et de son Comité Médical.

Madame le Ministre,

La presse nous apprend que vous allez rendre obligatoires onze vaccins et suivre les recommandations de la commission FISCHER qui vont beaucoup plus loin encore. Ceci est particulièrement  surprenant et choquant.

Permettez à un médecin généraliste, médecin de famille depuis plus de quarante ans, de vous apporter son témoignage de terrain, de médecin qui vaccine au quotidien nourrissons, enfants et adultes.

Je souhaite vous apporter mon expérience à la lumière de ma pratique basique de médecin de quartier. Je ne vous parlerai donc pas du lobby de l’industrie des vaccins, ni des conflits d’intérêt nombreux. Je ne vous parlerai pas non plus des adjuvants, des polluants, des antibiotiques voire des nanoparticules présents dans les vaccins, non cela n’est pas mon propos.

Je ne suis pas non plus médecin de santé publique, ni épidémiologiste, ni expert des maladies infectieuses. Je suis un médecin de famille, qui voit des patients dans ce fameux colloque singulier. Alors, si vous le permettez, je vais vous exposer mon expérience de plus de quatre décennies…

Commençons par la tuberculose et le BCG ce fameux vaccin  créé à l’Institut Pasteur de LILLE dont on sait, depuis le milieu des années soixante après les études de l’OMS en INDE, qu’il était inefficace pour empêcher la survenue de la maladie. Il aura fallu quarante ans à notre pays pour en supprimer l’obligation en la conseillant fortement pour certaines régions et certaines populations précaires  sans aucune logique. De Victor HUGO à Emile ZOLA et tant d’autres, les écrivains savaient cela  depuis bien longtemps : la misère et la précarité sont les facteurs majeurs de la « phtisie ».

Les trois vaccins actuellement obligatoires : diphtérie, tétanos, poliomyélite ne sont plus disponibles seuls, malgré l’arrêt du Conseil d’Etat. Notons que le tétanos qui n’est pas une maladie transmissible pourrait ne plus être pratiqué compte tenu du très faible nombre de cas et des mesures bien connues de prévention.

On y a d’abord ajouté la coqueluche qui s’est révélé très néfaste dans sa première version, avec des morts subites de nourrissons dans les heures ou les jours suivants la vaccination (CDC d’Atlanta), une forme acellulaire a donc été utilisée, avec semble-t-il moins d’inconvénients.

Mais la coqueluche était une maladie qui avait diminué de 96% avant la vaccination (c’était avant 1986 une maladie à déclaration obligatoire), et par ailleurs parfaitement traitée par l’antibiothérapie. La vaccination ne laisse pas une immunité très prolongée, ce qui explique les nombreuses coqueluches de l’adulte diagnostiquées aujourd’hui mais, peut –être aussi, en raison de l’absence de traitement  antibiotique dans les bronchites dites banales.

Les antibiotiques, c’est pas automatique !!

Ensuite cinquième valence : l’Haemophilus ! Nous avons assisté là à la plus grande manipulation intellectuelle. En effet,  l’argument promotionnel fut de prendre l’exemple de la Finlande. En Finlande il y avait environ 250 méningites à Haemophilus par an, grâce à la vaccination elles ont été éradiquées. En France, il y a à peu près le même nombre de méningites à Haemophilus, donc en vaccinant on va les éradiquer aussi. Imparable !!

Sauf que, un tout petit peu de réflexion montre quelques erreurs d’appréciation,   en effet la population de la Finlande est d’à peu près six millions d’habitants, soit dix fois moins que la France,   avec, à l’époque, une fécondité de 1,6 enfant par femme en Finlande contre 2,1 enfants par femme en  France. Un simple calcul arithmétique montre, donc que le risque de méningite pour un nourrisson français est de 16 à 20 fois inférieur à un enfant finlandais, alors vrai problème de santé publique en Finlande.

Et en France  … ???

Passons à la sixième valence, celle qui fait tant polémique : l’hépatiteB

Je ne dirai qu’un mot de la calamiteuse campagne de vaccination des années 90 dans les collèges, quand votre prédécesseur, Monsieur DOUSTE-BLAZY,  a multiplié les interventions intempestives et les mensonges : 20 000 morts par an, transmission par la salive et le baiser, propos qui font honte à un médecin, professeur des universités de surcroît. La prévalence de la maladie, en France, ne justifiait nullement la généralisation de cette vaccination au-delà des groupes à risque, en particulier les professionnels de santé. (Êtes-vous vaccinée Madame le Ministre ? En tout cas moi je le suis !).

Quel intérêt et quel bénéfice, pour un nourrisson de deux mois, de recevoir un vaccin dont l’utilité pour lui sera extrêmement faible, pour ne pas dire nulle, sans parler des complications inévitables, niées mais ô  combien réelles. Dans ma petite patientèle de médecin de famille, une sclérose en plaques, un diabète de type un et une thrombopénie auto-immune gravissime et cela doit vous parler, vous qui êtes hématologue.

Passons aux autres vaccins, que vous voulez rendre obligatoires. Le PREVENAR, vaccin contre le pneumocoque. Il était conseillé au départ pour les enfants à risque, puis très vite généralisé à tous les nourrissons. J’ai continué à ne le pratiquer que chez les enfants fragiles à risque. Sa généralisation a très vite entraîné l’apparition de nouvelles souches pathogènes et l’on est passé de 9 valences à 13, à quand les 23 du PNEUMOVAX des adultes ??

Je citerai, pour mémoire, les vaccins contre les rotavirus et la varicelle peu pratiqués et heureusement, en raison de son inutilité pour le premier et de sa toxicité pour le second.

Arrêtons nous sur le ROR : rougeole, oreillons, rubéole.

Comment a-t-on pu faire, de trois maladies parfaitement bénignes et obligatoires de l’enfant, des problèmes majeurs de santé publique ? Copier le modèle d’outre-atlantique, alors que la situation épidémiologique est radicalement différente des deux côtés de l’océan, est non seulement grotesque mais surtout une vraie faute professionnelle et une insulte à l’intelligence et au bon sens. Je vous renvoie à la bible de la pathologie, l’ouvrage du Professeur GODOT,

LE GODOT comme on disait avant Internet. D’autres que moi vous parleront des risques d’autisme et de troubles neurologiques de ce vaccin.

Autre vaccin que vous voulez rendre obligatoire : le MENINGITEC, vaccin contre le méningocoque de type C. Les méningites à méningocoque représentent 35 à 40% des méningites en France et le type C moins de 5%. Vouloir vacciner 800 000 nourrissons tous les ans, contre un germe provoquant seulement quelques cas est pour le moins curieux en terme d’intérêt de santé publique. Un de vos collègues universitaires a déploré, dans une interview télévisée, le décès d’une jeune fille et déclaré « si elle avait été vaccinée… ». Ce professeur de médecine est incompétent ou malhonnête ou les deux. Le décès de cette jeune fille était dû à un méningocoque de type W et le vaccin contre le type C  ne l’aurait évidemment pas protégée.

Enfin, j’ai gardé pour la bonne bouche, le soi-disant vaccin contre le cancer du col de l’utérus, j’ai nommé le GARDASIL.  Il s’agit là d’un véritable scandale et d’une honte pour la médecine française. Comment a-t-on pu faire croire à ces fadaises  et culpabiliser à ce point les mères qui ne feraient pas vacciner leurs jeunes filles, à coup de spots télévisés, les présentant comme des marâtres irresponsables.

Vous n’êtes pas sans savoir que l’infection à papillomavirus concerne 95% des femmes après les premiers rapports sexuels et 90% d’entre elles, sinon plus, guériront SPONTANEMENT de cette infection. Alors, vacciner 400 000 jeunes filles, pour moins de 4000 qui seront concernées, ça n’a pas de nom dans notre belle langue française. D’autant, qu’il faudra continuer à pratiquer régulièrement des frottis de dépistage tout au long de la vie.

Je me vante et me glorifie, Madame le Ministre, de n’avoir jamais pratiqué ce vaccin, jamais, pas une seule fois. J’ai bien sûr toujours longuement expliqué à mes patientes mes raisons de ne pas le faire. Quand on sait que le laboratoire fait du lobbying pour faire pratiquer ce vaccin chez les garçons, on croit rêver.

Je ne peux terminer, sans évoquer la sinistre mascarade annuelle du vaccin grippal. Oublions le scandale d’état de la campagne contre la grippe H1N1, à près de deux milliards d’euro jetés par les fenêtres mais pas perdus pour tout le monde, et intéressons nous au vaccin annuel. Je vous renvoie, à l’étude exhaustive de l’Association COCHRANE et aux débats devant la commission d’enquête du Sénat, pour votre édification, quant à l’inutilité de cette vaccination.

Voilà, Madame le Ministre et cher confrère, les réflexions d’un médecin de famille, avec quelque expérience, engagé professionnellement : organisateur et responsable de FMC, syndicaliste et ancien président de l’Union Régionale Médecins Libéraux Nord-Pas-de-Calais.

Madame le Ministre, abandonnez cette idée folle de rendre obligatoires onze vaccins. La vaccination n’est pas un acte administratif ou de santé publique, c’est un acte éminemment médical, individuel, que chaque praticien doit évaluer avant de le pratiquer.

Aussi, Madame le Ministre, si vous persistez dans votre intention de rendre obligatoire onze vaccins, je serai réfractaire à cette décision qui je vous le rappelle, a été déclarée inconstitutionnelle en Suède.

Je serai réfractaire et déserteur et comme dans la célèbre chanson de Boris Vian, si vous envoyez la force publique «prévenez vos gendarmes que je serai sans armes et qu’ils pourront tirer ».

Je vous prie de croire Madame le Ministre et cher confrère à l’expression de mes sentiments respectueux et confraternels.

Double pour information à Monsieur le Président de la République, à Monsieur le Premier Ministre.

Lettre ouverte communiquée à la presse

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